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Nom

Coprin vient du grec « κόπρος » qui signifie excrément d’animaux, fumier, en référence aux endroit de prédilection des coprins. Le nom d’espèce provient du grec « κομήτης » portant de longs cheveux, le latin « comatus » signifiant chevelu.

Description

Le coprin chevelu est un champignon saprophyte de la famille de Agaricaceae qui pousse dans les bords de chemin, les pelouses, les terrains vagues, dans des sols riches, anciennement fumés ou fréquentés par les animaux.

Il possède un chapeau cylindrique de 3 à 6 cm par 6 à 20 cm de hauteur de couleur blanche à mèches caractéristique crème à brunâtre partant d’une sorte de calotte de même couleur en son sommet. L’hyménium est formé de lames libres blanches, puis rose, et enfin noires et entrant en déliquescence. Son stipe creux et fibrilleux de 8 à 30 cm est blanc et possède un anneau mobile mince dans sa moitié inférieure. Son goût est doux et son odeur faible. C’est un excellent comestible. [1], [2], [3]

Il peut être confondu avec le coprin noir d’encre C. atramentarius, plus sombre, sans mèches et ne portant pas d’anneau ; cette espèce est toxique si consommée avec de l’alcool. Il peut encore être confondu avec C. levisticolens, à odeur de chicorée ou C. sterquilinus, plus petit, poussant sur le fumier.

Constituants

Une étude de 2020 sur la composition et les propriétés anti-oxydantes de C. comatus évalue les différents constituants du champignon parmi lesquels :
- hydrates de carbone : chitine, mannane, β-glucanes
- acides gras : acide linoléique, acide palmitique, acide oléique, omégas 3
- fer, magnésium, zinc, cuivre, sélénium
- acides phénols : acides p-hydroxybenzoïque, protocatéchique, cinnamique, p-coumarique, caféique et quinique
Elle note en outre la grande capacité d'accumulation d'éléments toxiques du champignon à partir de son substrat ou de l'atmosphère. [4]

Usage traditionnel

Nous n’avons connaissance d’aucune utilisation médicinale traditionnelle du coprin chevelu en Europe. Notons toutefois l’usage de l’encre produite par l’hyménium des coprins en déliquescence pour la production d’un succédané d’encre de chine ; il semblerait que celle-ci fut utilisée comme encre testamentaire afin d’interdire la contrefaçon des documents grâce à la présence des spores qui garantiraient leur expertise (Moreau 1978).

Il est utilisé en médecine traditionnelle chinoise sous le nom de « Maotou Guisan » dans le diabète, les troubles digestifs, les problèmes de circulation et les hémorroïdes. [5]

Littérature

Dans son livre sur les champignons médicinaux, en 2007, Lelley précise que le coprin chevelu contient tous les acides aminés essentiels ainsi que les vitamines B1, B2, B3 et C.  Il rapporte les effets hypoglycémiants considérables des organes de fructification du champignon et donne une posologie du 10 à 20 g de champignon sec ou 100 à 200 g de champignon frais par jour sans préciser la durée du traitement. [6]

La même année, Alain Tardif, dans son livre sur la mycothérapie, ajoute la présence de manganèse dans le champignon. Enfin, il rapporte son utilisation comme antibiotique contre les infections bactériennes et les mycoses. [7]

En 2014, Jean-Claude Secondé, dans son livre sur les champignons de santé, complète la composition du champignon avec les vitamines D et E ainsi que le manganèse et le vanadium. Il rapporte la propriété hypoglycémiante des extraits de coprin chevelu fermenté. Ces mêmes extraits ont également des propriétés analgésiques et anti-inflammatoires. La présence d’ergothionéine, surtout dans le chapeau du champignon, lui apportent une capacité antioxydante importante. Enfin, des effets sur la prolifération, l'apoptose et l'inhibition des récepteurs des œstrogènes semblent être intéressants dans le traitement du cancer du sein. [5]

Recherche scientifique

En 2011 paraît une étude qui relate un effet modulateur anti-androgène (par interférence avec les récepteurs androgéniques) de C. comatus pouvant être utile dans les maladies prostatiques. [8]

En 2014, une étude rapporte une activité anti-obésité du champignon par inhibition de l’adipogenèse associé à la réduction des taux de cholestérol et de triglycérides sanguins. [9]

Une étude de 2015 sur l’activité hypoglycémiante des polysaccharides CC30, CC60 et CC80 des organes de fructification du coprin chevelu détermine que celle-ci s’effectue via la stimulation du système immunitaire. Les expériences sont font sur des rats avec des extraction aqueuses précipitées à l’éthanol et des doses de 1g/kg par voie orale. [10]

En 2019, une autre étude rapporte encore cette activité hypoglycémiante à l’aide d’extraits au méthanol, cette fois via l’inhibition des α-amylases et des α-glucosidases dans le cadre du diabète de type 2. [11]

Une étude publiée la même année révèle le potentiel antioxydant des polysaccharides de C. comatus en constatant une augmentation de la concentration sanguine de glutathion. Elle rapporte aussi un effet hépatoprotecteur sur les lésions induites par l’alcool ainsi qu’une amélioration du métabolisme de celui-ci. Enfin, elle mentionne des propriétés anti-inflammatoires marquées. [12]

En 2020, une étude rapporte les effets neuroprotecteurs du champignon par inhibition de l'acétylcholinestérase dans des proportions comparable au médicament Donepezil. Les composés phénoliques présents dans le champignon, dont la quercétine, seraient associés à ces effets. [13]

Pour finir, la même année, un article de revue fait le bilan des aspects positifs et négatifs du coprin chevelu. Du coté de ses qualités, il rappelle ses effets antioxydant, anti-cancéreux, anti-androgène, hépatoprotecteur, inhibiteur de l'acétylcholinestérase, anti-inflammatoire, anti-diabétique, anti-obésité, antibactérien, antifongique, antiviral et anti-nématode. Du coté de ses défauts, il mentionne des réactions cutanées chez les patients atteints de dermatite et de prédisposition atopique ainsi qu’une contamination possible par des éléments toxiques. [14]

Références

[1]    R. Courtecuisse et B. Duhem, Champignons de France et d’Europe. 2013.
[2]    G. Eyssartier et P. Roux, Le guide des champignons, France et Europe. 2013.
[3]    M. Bon, Champignons de France et d’Europe occidentale. 2012.
[4]    N. Stilinović et al., « Chemical composition, nutritional profile and in vivo antioxidant properties of the cultivated mushroom Coprinus comatus », Royal Society Open Science, vol. 7, p. 200900, 2020.
[5]    J.-C. Secondé, Les champignons de santé et de longévité. 2014.
[6]    J. I. Lelley, Die Heilkraft der Pilze. 2007.
[7]    A. Tardif, La Mycothérapie. 2007.
[8]    N. Dotan, S. P. Wasser, et J. Mahajna, « The Culinary-Medicinal Mushroom Coprinus comatus as a Natural Antiandrogenic Modulator », Integrative Cancer Therapies, vol. 10, p. 148­ ‑ 159, 2011.
[9]    H. J. Park, J. Yun, H.-D. Kim, C.-K. Won, G.-S. Kim, et J.-H. Cho, « Coprinus comatus cap inhibits adipocyte differentiation via regulation of PPARγ and Akt signaling pathway », Plos One, vol. 9, p. e105809, 2014.
[10]    S. Zhou, Y. Liu, Y. Yang, Q. Tang, et J. Zhang, « Hypoglycemic Activity of Polysaccharide from Fruiting Bodies of the Shaggy Ink Cap Medicinal Mushroom, Coprinus comatus (Higher Basidiomycetes), on Mice Induced by Alloxan and Its Potential Mechanism », International Journal of Medicinal Mushrooms, vol. 17, p. 957‑964, 2015.
[11]    D. Stojkovica et al., « An insight into antidiabetic properties of six medicinal and edible mushrooms : Inhibition of α-amylase and α-glucosidase linked to type-2 diabetes », South African Journal of Botany, vol. 120, p. 100‑103, 2019.
[12]    H. Zhao et al., « Antioxidant and hepatoprotective activities of modified polysaccharides from Coprinus comatus in mice with alcohol-induced liver injury », International Journal of Biological Macromolecules, vol. 127, p. 476‑485, 2019.
[13]    M. Karaman et al., « Coprinus comatus filtrate extract, a novel neuroprotective agent of natural origin », Natural Product Research, vol. 34, p. 2346‑2350, 2020.
[14]    P. Nowakowski, S. K. Naliwajko, R. Markiewicz-Żukowska, M. H. Borawska, et K. Socha, « The two faces of Coprinus comatus-Functional properties and potential hazards », Phytotherapy Research, vol. 34, p. 2932‑2944, 2020.