Pour aborder l’univers alchimique, il paraît nécessaire de changer notre manière de percevoir et d’aborder le monde. Soyons comme des enfants et essayons de porter un regard neuf sur ce qui nous entoure, oubliant un moment nos préjugés et nos certitudes sur les choses que nous croyons savoir. La Nature ne peut lever son voile qu’aux regards innocents qui sauront la voir telle qu’elle est, dans toute sa beauté et sa simplicité.

 

Si nous regardons le monde qui nous entoure, il nous semble composé d’une multitude de sujets, tous arborant diverses caractéristiques appréciables par nos sens telles que les couleurs, les formes, les odeurs… A priori tout les distingue les uns des autres, si ce n’est qu’en cet instant certains semblent se mouvoir et d’autres non. Si l’on observe plus longuement, on remarque que certains sujets qui ne semblaient pas bouger au départ, sont finalement pourvus eux aussi d’un mouvement propre bien que plus lent. Pourrait-on supposer que tout est en mouvement, même si la faiblesse de notre observation ne permet pas toujours de l’apprécier ?

 

Au fil du temps qui s’écoule, nous remarquons que différents cycles semblent se succéder et se répéter toujours inlassablement. Tout d’abord le jour et la nuit, présidés par leur astre respectif, le soleil et la lune. Il semble que le soleil nous invite au mouvement et à l’activité extérieur ; au contraire la lune nous pousse au repos et à l’intérieur. Le temps passant, d’autres cycles plus longs semblent se révéler comme les saisons. Le printemps invite à la naissance de tout ce qui vit et qui trouvera sa complète expression dans l’été. L’automne récolte cette abondance et la confiera au repos de l’hiver bien mérité. Ainsi les cycles se succèdent indéfiniment dans les vagues du temps, dans leurs périodes d’activité et de repos, de vie et de mort.

 

Portant le regard de bas en haut, voilà ce qui s’offre à nous : on voit tout d’abord, sous nos pieds, le sol sur lequel nous marchons. Il est formé de pierres de différentes sortes qui composent le règne minéral, et recouvert d’une terre, matrice du règne végétal qui pourvoit avec abondance à la nourriture du règne animal qui à sa surface, se délecte de ses mets. L’eau du ciel et des rivières semble s’écouler sans fin vers des lacs de plus en plus grands, venant abreuver les êtres des différents règnes et leur donner leur subsistance. L’air dans lequel nous évoluons, tout chargé de parfums subtils, nous remplit de vitalité. Enfin nous le rencontrons, ce soleil céleste qui nous dispense ses vertus, et dont le feu de camp nous rappelle la lumière et la chaleur bienfaisantes.

 

Ainsi la vie suit son cours, dans l’alternance des mouvements réguliers des jours et des nuits, entre chaleur et humidité, froideur et sècheresse, de bas en haut et de haut en bas, distillant et multipliant sans cesse sa liqueur régénérante dans la sphère du monde.

 

C’est dans un esprit semblable, à mon sens, que nous devons aborder l’alchimie. L’alchimiste n’est-il pas d’abord un philosophe ? Il faut suivre la Nature, considérer la manière dont elle opère, voir ses possibilités, et enfin la porter plus loin qu’elle n’aurait pu le faire sans le secours de l’artiste.